Katia Café-Fébrissy écrit depuis toujours. L’écriture est le médium qui lui vient le plus naturellement pour s'exprimer. Elle ne s’imaginait pas que cela l’amènerait à faire de la réalisation cinématographique, mais cette voie lui était destinée. Après avoir gagné le prix tremplin de l'Office national du film du Canada pour réaliser sa première œuvre documentaire «Mes réseaux sociaux et moi / Social Me», elle décide de poursuivre un Master en réalisation de films documentaires afin d’acquérir les connaissances théoriques du métier.
En 2016, elle entame son deuxième film documentaire «À la racine / Root up». Elle voyage en Guadeloupe à la rencontre de Joselie qui a tout quitté pour se dédier à l’agriculture alors qu'elle vient tout juste d’apprendre que son terrain est contaminé au chlordécone, un pesticide extrêmement toxique et cancérigène utilisé aux Antilles françaises jusqu’en 1993 malgré son interdiction en 1990 en France hexagonale. Elle lui rend visite tous les samedis pendant deux mois sans caméra pour bien connaître la personne et instaurer une confiance mutuelle.
Influencée par l’approche de Godard qui disait qu’un film est avant tout une relation entre un·e filmeur·euse et un·e filmé·e, elle prend le temps de se familiariser avec celle qu’elle décrit comme étant «une guerrière qui cultive son jardin à la Candide de Voltaire, armée d’un coutelas pour appréhender ses trois hectares de terrain». Katia et Joselie se découvrent, s'apprivoisent et se racontent. Katia a un principe: elle ne fait pas de film sur les gens mais avec eux, donc elle s'assure que Joselie est bien à l'aise tout au long du processus. Lorsque Joselie lui demande de ne pas montrer ses pleurs à l'écran, Katia lui en fait la promesse. En outre, une fois le film achevé, elle s'assure que Joselie et sa fille y mettent leur sceau d'approbation avant la première diffusion en salle.
Sa relation avec les personnages et le respect de ses sujets et des personnes qui se retrouvent devant la caméra sont sa première priorité. C’est probablement pour cette raison que l’approche et le travail de Katia font écho au travail de la réalisatrice et artiste Marjorie Beaucage. Cette dernière dit se positionner «au milieu des histoires, là où il n’y a ni début, ni milieu, ni fin.» De même, Katia se met au centre de l’action pour capturer la voix authentique qui se cache derrière chaque récit et attirer les spectateur·trices·s dans la tête du personnage.
Depuis, “À la racine” a fait le tour du monde. De plus, Katia multiplie ses productions et mène plusieurs projets de front. Elle est à présent prolifique dans ses créations cinématographiques et théâtrales. Aujourd’hui, elle assume pleinement son rôle derrière la caméra, soucieuse de la composition et des textures dans l’image. Toujours en quête de l’essence et de l’humanité de l’histoire, ses œuvres sont empreintes d’une maturité et d’une voix à la fois unique et universelle à laquelle on s’identifie facilement. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles son travail est internationalement reconnu.
Pour en savoir plus sur Katia Café-Fébrissy: https://www.cafe-febrissy.com/